23 décembre 2011

L'homme qui plantait des arbres

 
Il y a quelques temps nous avons planté dans le jardin partagé de ma résidence deux arbres fruitiers. J’avais pris du plaisir à ce moment convivial mais ce n’est que quelques jours … et nuits plus tard que j’ai réellement pris conscience de l'importance et du sens de ce geste qui m'avait paru de prime abord assez anodin. 
En fait cette plantation a fait écho à deux souvenirs. Tout d’abord aux images du film Cultures en transition montrant des habitants de Totnes plantant des dizaines de noyers dans leur ville … en transition. Le deuxième souvenir, ce sont les mots de Giono dit par la douce voix de Philippe Noiret en harmonie avec les pastels des illustrations du film «L'homme qui plantait des arbres» du livre éponyme. 
On ne plante pas pour tout de suite, on ne plante pas juste pour soi mais pour plus tard et pour les autres. Tel Colbert qui plantait des milliers de chênes pour construire les bateaux que la Marine utiliserait deux cent ans après ! Mais que les gourmands se rassurent, nous devrions nous régaler de nos premières cerises et pommes dans deux ans, putain deux ans … 

30 août 2011

Plus de bruit !

J'étais invité début juillet à suivre les délibérations du jury du premier "Raffut" pour élire l'événement grand public de l'année. Comme le rappelait justement le dossier de presse, la définition du raffut c'est "un grand bruit fait par des personnes qui parlent fort, s'amusent, crient ou se disputent". Il est assez surprenant qu'une partie de la profession de l'événementiel puisse se donner comme simple critère de succès d'une production, fut-elle grand public, d'avoir "bénéficier d'une large amplification". Un seul objectif quantitatif sans évaluation du message transmis ou des résultats produits (ventes, notoriété, communion, ...) alors que c'est bien sa spécificité qualitative qui fait qu'aujourd'hui l’évènementiel est probablement "une alternative globale à la publicité traditionnelle".
La soirée qui accompagnait la remise des prix était totalement (in)cohérente puisqu'avait été privatisée la rue Princesse encore appelée "la rue de la soif" :  les estaminets étaient rebaptisés aux noms des agences organisatrices et l'alcool coulait à flot ... quand il était possible d'accéder jusqu'au bar.  Là encore les professionnels concernés ont fait du raffut pour ne pas dire du tapage diurne puis nocturne - autre sens rappelé dans le dossier de presse ;-). Le voisinage a du apprécié la Responsabilité Sociétale de la profession et aurait légitimement pu faire lui aussi un raffut (autre sens de raffut : esclandre) auprès des autorités.
Si les organisateurs avaient comme objectif de fêter entre eux le début des vacances, pourquoi pas, mais malheureusement on nous précisait que l'un des buts du Raffut était bien de "structurer le métier", "instaurer une ligne de conduite, des règles sur ce qui fonctionne ou pas". Eh bien il faudra en tirer les leçons, ce qui ne fonctionne pas c'est de faire du bruit pour du bruit. C'est tout sauf de la communication. Seul mérite de l'initiative : avoir posé la question de ce qu'est l’évènement en 2011.

18 août 2011

Mes biens chers frères

L'autre soir (il y a déjà longtemps, j’en conviens) j'entendais sur France Inter Iegor Gran, auteur de "l’Ecologie en bas de chez moi", développer deux thèses : l’écologie est devenue une église intégriste et chacun doit pouvoir être libre de ne pas suivre les diktats de ses curés verts. 
Même si l'auteur a fait de la provocation son fonds de commerce pour vendre du papier, comment peut-on avoir aussi peu de recul pour sortir de telles réflexions primaires ? 
Que diable, la seule église qui aujourd’hui impose ses vues à l'humanité n’est pas celle de l’écologie mais bien celle de la Trés Sainte Consommation dont les prédicateurs-publicitaires nous appellent à fréquenter ses temples-hypermarchés. La Croisade des temps modernes est celle de l’OMC, ses templiers se nomment Coca-Cola, Monsanto ou Nestlé. Et c'est sur l'autel du profit à tout prix qu'on brûle la pucelle de la culture vivrière, locale et biologique.
Croire qu’être libre c’est pouvoir acheter un 4X4 parce qu’on en a juste très envie c’est faire peu de cas de l’intelligence humaine. Ce qu’on prend pour de la liberté n’est que le résultat d’une grossière et machiavélique manipulation qui crée non seulement le besoin mais, plus grave, la frustration, terreau de la violence et des extrémismes que connaissent nos sociétés.
Croire qu’être libre c’est d’avoir le libre arbitre de ne pas trier ses déchets, c’est tout simplement l'expression de l’égoïsme primaire qui sommeille en chacun de nous. Raisonnons par l’absurde, si trier est une atteinte à ma liberté, avoir à mettre des déchets dans une poubelle en est aussi une, alors jetons nos ordures par la fenêtre comme autrefois et on verra qui revient à l’âge de la bougie, le curé écologiste ou le libéral moderne !
On pourra me reprocher mon manque d'humour mais j'ai peur d'avoir compris qu'il n'y avait point de réel second degré dans ce pamphlet.

04 août 2011

Chantal, la globe-trotter du Trégor

Sous ma casquette de rédacteur, j'écris régu-lièrement le portrait de certains  salariés d'Emeraude Créationentreprise adaptée (80 % de salariés handicapés) de LannionVoici celui de Chantal, un sacré petit bout de bonne femme !
Quand j’ai expliqué à Chantal que je voulais écrire son histoire, elle m’a répondu que « des histoires, elles n’en voulait pas » ! Passé ce moment d’appréhension (ou ce mot d’humour ?...), Chantal a commencé à me raconter tout d’abord son enfance « à la dure » dans une famille de 15 enfants. Mais très vite, elle est passée aux beaux souvenirs de ses 20 ans. Une dizaine d’années à suivre ou à rejoindre son conjoint dans ses pérégrinations professionnelles sur différents chantiers à l’étranger. Une vie de voyages de l’Afrique (l’Egypte en Concorde !) à l’Australie, partout en Europe à l’exception de … la Corse. Une vie de nomade, parfois en caravane, qu’elle a adorée. Mais la belle histoire finit par une séparation qui plonge Chantal dans le désarroi d’autant qu’elle est jeune maman, sans véritable métier et qu’elle ne sait ni lire ni écrire. 
Des yaourts, des peluches, ...
Mais Chantal n’est pas du genre à se laisser abattre. Après de petits boulots dans la restauration et les travaux saisonniers des champs (« patates », haricots), elle intégrera dans les années 80 l’équipe d’Emeraude ID qui s’appelait alors l’ARPTH (Association pour le Reclassement Professionnel des Travailleurs Handicapés) et dont l’activité était la production de produits laitiers. « On fabriquait du fromage et du crottin », se rappelle-t-elle, « et des yaourts avec de jolis couvercles dorés ». Quand cette activité périclite, elle rebondit dans une autre entreprise d’insertion et y fera des peluches. Elle en a encore chez elle : des lapins, des nounours et même des girafes !
Maman, les ptits bateaux
Elle réintègre quelque temps plus tard les rangs d’Emeraude ID. Parce qu’elle est méticuleuse, elle brillera dans la peinture et la finition des produits de décoration, nouvelle activité de l’association : demi-coques de bateau et phares bretons. Depuis qu’Emeraude est passé à la production de composteurs, Chantal, après avoir été en charge du vissage des panneaux de bois, s’occupent désormais du montage des couvercles : pointage, agrafage et pose des charnières sont de sa responsabilité.
Les cours d’orthophonie et les Ateliers de Savoirs Fondamentaux proposés par Emeraude ID lui ont fait le plus grand bien et l’aide à surmonter quelque peu son handicap d’analphabétisme qu’elle explique avec simplicité comme conséquence d’une méningite contractée en bas âge.
Au boulot, elle est discrète et ne fait pas de vagues mais « quand j’ai quelque chose à dire, je le dis - faut pas m’em…der », et nombreux sont d’ailleurs ceux qui viennent se confier à elle, « presque trop » rajoute-telle, car elle a déjà ses soucis.
Faites vos jeux ...
Mais il y a une vie en dehors du travail ! Son grand plaisir, c’est d’aller jouer quelques euros dans un des casinos de la côte d’Emeraude. Elle se transforme alors et se sent « l’égale des autres », parfois même un peu « bêcheuse ». Si elle qualifie de « vice » cette passion, elle exagère. Chantal sait compter et non seulement elle limite sa sortie à une fois par mois mais elle met de côté un petit billet de temps en temps (son « argent de poche ») en vue de cette sortie. Ses autres simples petits plaisirs ? Un Mc Do ou un kebab de temps en temps, une sortie en boite n’est pas pour lui déplaire comme un ciné où elle préférera les films d’horreur, de science-fiction ou d’aventure. Elle a arrêté récemment l’équitation en raison de problème de dos mais compense avec le vélo ou encore avec une partie de tennis avec sa fille dont elle est si fière de la situation.
C’est sûrement dans les yeux bleus de Chantal que pourriez voir la tranche de vie de ce sacré petit bout de bonne femme si attachante qu’on croise chez Emeraude Création. Mais ses yeux vous ne les verrez pas car Chantal n’aime pas être photographiée et nous respectons son souhait. Mais, faites-moi confiance …

20 juillet 2011

Les Experts : un nouvel épisode des Trophées du Tourisme Responsable

A nouveau cette année, je fais partie des experts du Comité de sélection des Trophées du Tourisme Responsable qui a eu la longue mais noble tâche de sélectionner 3 nominés dans les catégories Bons plans, Urbain, Bol d’air, Luxe & Zen et Solidaire.
Nouveauté 2011, le public est appelé à voter en ligne jusqu’au 5 septembre pour ses candidats préférés, ce vote comptant pour 50% du choix final, à égalité avec celui du jury professionnel. Les Trophées 2011 seront décernés le 21 septembre prochain.

18 juillet 2011

Un manque de C(H)ulot


Une fois n'est pas coutume un petit billet de politique (politicienne ?).

Quelques jours avant l’annonce de la candidature de Nicolas Hulot en avril dernier, le Monde Magazine estimait que ce corps étranger atypique serait vite expulsé par le système mais j’étais loin de me douter que le petit meurtre aurait lieu entre amis. 
En l’éliminant de la Primaire, Europe Ecologie Les Verts, ses adhérents et ses caciques ont montré qu’ils étaient encore loin d’avoir fait la mutation d’un parti traditionnel pyramidal vers un laboratoire coopératif de l’intelligence collective. 
Parce qu’il n’est pas né écologiste, les vieux de la vieille de l’écologie lui ont cherché des OGM dans les champs comme on cherche des poux dans la tête ; pas joly, joly, tout cela. Bien sûr l’homme n’était pas parfait mais avait l’humilité de le reconnaître. Parce qu’il n’est pas un politicien, il n’avait pas la dialectique adhoc, pour ne pas dire sa langue de bois. On lui a reproché son passé alors que c’est avant tout ce cheminement qui donnait à sa candidature force et exemplarité et pouvait susciter l'adhésion du plus grand nombre... 
Je n'ai jamais été un spectateur transi de ses émissions ou un afficonados de sa fondation mais ceux qui comme moi ont réellement lu le Pacte Ecologique (le livre, pas le reader digest du site éponyme) et vu le Syndrôme du Titanic ne pouvaient qu’être convaincus de l’exigence pour ne pas dire de la radicalité de sa déclaration de candidature. 
Peut-être avons-nous tout simplement manqué de culot ou de courage ? ...

16 juin 2011

C’est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe

Combien de fois ne nous demande-t-on pas quelle est notre définition du développement durable ? C’en est devenue une tarte à la crème. Oxymore pour les uns dont je fais partie, pléonasme pour les autres … quand certains militent pour la traduction littérale plus exigeante de développement soutenable.
Même si elle a été galvaudée, je ne renie pas la définition académique et officielle de la Commission Brundtland, qui porte en elle, bien sûr une solidarité temporelle inter-générationelle mais également, si on la lisait in extenso, une solidarité de l’instant envers tant de personnes aux besoins primaires non assouvis. C’est bien de préserver l’avenir des générations à venir mais on oublie trop souvent que des millions d’individus meurent de faim sous nos yeux. Aussi, plutôt que donner une énième définition, j’ai pensé intéressant de raisonner en quelque sorte par l’absurde en définissant notre développement aujourd’hui qui est, d’une vérité criante, tout sauf durable.

Les deux mamelles de notre développement
La modération n’est pas le propre de l’Homo Sapiens. Il est passionné en amour, fanatique en politique et compulsif en consommation. A la différence de la nature l’homme ne sait pas se réguler. Pour répondre à cette frénésie consumériste, Prédation et Exploitation sont les deux mamelles de notre développement : un développement en creux pour certains qui permettra un développement en plein pour d’autres. 
Nous exploitons la nature (plutôt celle des autres) et ses ressources. Nous préemptons des matières premières sans limite à un rythme qui ne leur permet pas de se régénérer. On a longtemps vécu des intérêts du capital Terre, on a maintenant plongé dans son bas de laine et attaqué le capital diront les financiers.  Nous utilisons la biosphère comme une poubelle qu’on ne vide jamais et on se désespère en constatant que la biosphère des pauvres n’est pas étanche … 
Nous exploitons l’homme. Exploitation de l’homme par l’homme,  plus souvent d’ailleurs exploitation de l’homme par le capital, exploitation de l’homme du Sud (et des richesses de son territoire) par l’homme du Nord. «C’est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe» disait perfidement Candide pour justifier l’esclavage… Théoriquement aboli,  comment nommer autrement l’asservissement économique de millions d’ouvriers et de paysans qui produisent, pas toujours au bout du monde,  parfois au bout de la rue, … «notre confort» ? 
Tout bien réfléchi ce système n’est pas loin de la barbarie. Pourtant, puisqu’il s’agit simplement d’une histoire de plein et de creux, Candide se dit que le plein des uns pourraient remplir le creux des autres et alors la roue du monde tournerait vraiment rond...  

07 mars 2011

5h du mat, je claque des dents ... sur France Inter

J'étais l'invité de Brigitte Patient et de son émission "Un jour tout neuf " sur France Inter ce jeudi 10 mars de 5h à 6h du mat ... il n'y a pas d'heure pour les braves ! 

On a parlé développement durable, communication et compost mais aussi de l'air du temps ... 

A écouter en podcast en cliquant ici.

02 février 2011