30 août 2011

Plus de bruit !

J'étais invité début juillet à suivre les délibérations du jury du premier "Raffut" pour élire l'événement grand public de l'année. Comme le rappelait justement le dossier de presse, la définition du raffut c'est "un grand bruit fait par des personnes qui parlent fort, s'amusent, crient ou se disputent". Il est assez surprenant qu'une partie de la profession de l'événementiel puisse se donner comme simple critère de succès d'une production, fut-elle grand public, d'avoir "bénéficier d'une large amplification". Un seul objectif quantitatif sans évaluation du message transmis ou des résultats produits (ventes, notoriété, communion, ...) alors que c'est bien sa spécificité qualitative qui fait qu'aujourd'hui l’évènementiel est probablement "une alternative globale à la publicité traditionnelle".
La soirée qui accompagnait la remise des prix était totalement (in)cohérente puisqu'avait été privatisée la rue Princesse encore appelée "la rue de la soif" :  les estaminets étaient rebaptisés aux noms des agences organisatrices et l'alcool coulait à flot ... quand il était possible d'accéder jusqu'au bar.  Là encore les professionnels concernés ont fait du raffut pour ne pas dire du tapage diurne puis nocturne - autre sens rappelé dans le dossier de presse ;-). Le voisinage a du apprécié la Responsabilité Sociétale de la profession et aurait légitimement pu faire lui aussi un raffut (autre sens de raffut : esclandre) auprès des autorités.
Si les organisateurs avaient comme objectif de fêter entre eux le début des vacances, pourquoi pas, mais malheureusement on nous précisait que l'un des buts du Raffut était bien de "structurer le métier", "instaurer une ligne de conduite, des règles sur ce qui fonctionne ou pas". Eh bien il faudra en tirer les leçons, ce qui ne fonctionne pas c'est de faire du bruit pour du bruit. C'est tout sauf de la communication. Seul mérite de l'initiative : avoir posé la question de ce qu'est l’évènement en 2011.

18 août 2011

Mes biens chers frères

L'autre soir (il y a déjà longtemps, j’en conviens) j'entendais sur France Inter Iegor Gran, auteur de "l’Ecologie en bas de chez moi", développer deux thèses : l’écologie est devenue une église intégriste et chacun doit pouvoir être libre de ne pas suivre les diktats de ses curés verts. 
Même si l'auteur a fait de la provocation son fonds de commerce pour vendre du papier, comment peut-on avoir aussi peu de recul pour sortir de telles réflexions primaires ? 
Que diable, la seule église qui aujourd’hui impose ses vues à l'humanité n’est pas celle de l’écologie mais bien celle de la Trés Sainte Consommation dont les prédicateurs-publicitaires nous appellent à fréquenter ses temples-hypermarchés. La Croisade des temps modernes est celle de l’OMC, ses templiers se nomment Coca-Cola, Monsanto ou Nestlé. Et c'est sur l'autel du profit à tout prix qu'on brûle la pucelle de la culture vivrière, locale et biologique.
Croire qu’être libre c’est pouvoir acheter un 4X4 parce qu’on en a juste très envie c’est faire peu de cas de l’intelligence humaine. Ce qu’on prend pour de la liberté n’est que le résultat d’une grossière et machiavélique manipulation qui crée non seulement le besoin mais, plus grave, la frustration, terreau de la violence et des extrémismes que connaissent nos sociétés.
Croire qu’être libre c’est d’avoir le libre arbitre de ne pas trier ses déchets, c’est tout simplement l'expression de l’égoïsme primaire qui sommeille en chacun de nous. Raisonnons par l’absurde, si trier est une atteinte à ma liberté, avoir à mettre des déchets dans une poubelle en est aussi une, alors jetons nos ordures par la fenêtre comme autrefois et on verra qui revient à l’âge de la bougie, le curé écologiste ou le libéral moderne !
On pourra me reprocher mon manque d'humour mais j'ai peur d'avoir compris qu'il n'y avait point de réel second degré dans ce pamphlet.

04 août 2011

Chantal, la globe-trotter du Trégor

Sous ma casquette de rédacteur, j'écris régu-lièrement le portrait de certains  salariés d'Emeraude Créationentreprise adaptée (80 % de salariés handicapés) de LannionVoici celui de Chantal, un sacré petit bout de bonne femme !
Quand j’ai expliqué à Chantal que je voulais écrire son histoire, elle m’a répondu que « des histoires, elles n’en voulait pas » ! Passé ce moment d’appréhension (ou ce mot d’humour ?...), Chantal a commencé à me raconter tout d’abord son enfance « à la dure » dans une famille de 15 enfants. Mais très vite, elle est passée aux beaux souvenirs de ses 20 ans. Une dizaine d’années à suivre ou à rejoindre son conjoint dans ses pérégrinations professionnelles sur différents chantiers à l’étranger. Une vie de voyages de l’Afrique (l’Egypte en Concorde !) à l’Australie, partout en Europe à l’exception de … la Corse. Une vie de nomade, parfois en caravane, qu’elle a adorée. Mais la belle histoire finit par une séparation qui plonge Chantal dans le désarroi d’autant qu’elle est jeune maman, sans véritable métier et qu’elle ne sait ni lire ni écrire. 
Des yaourts, des peluches, ...
Mais Chantal n’est pas du genre à se laisser abattre. Après de petits boulots dans la restauration et les travaux saisonniers des champs (« patates », haricots), elle intégrera dans les années 80 l’équipe d’Emeraude ID qui s’appelait alors l’ARPTH (Association pour le Reclassement Professionnel des Travailleurs Handicapés) et dont l’activité était la production de produits laitiers. « On fabriquait du fromage et du crottin », se rappelle-t-elle, « et des yaourts avec de jolis couvercles dorés ». Quand cette activité périclite, elle rebondit dans une autre entreprise d’insertion et y fera des peluches. Elle en a encore chez elle : des lapins, des nounours et même des girafes !
Maman, les ptits bateaux
Elle réintègre quelque temps plus tard les rangs d’Emeraude ID. Parce qu’elle est méticuleuse, elle brillera dans la peinture et la finition des produits de décoration, nouvelle activité de l’association : demi-coques de bateau et phares bretons. Depuis qu’Emeraude est passé à la production de composteurs, Chantal, après avoir été en charge du vissage des panneaux de bois, s’occupent désormais du montage des couvercles : pointage, agrafage et pose des charnières sont de sa responsabilité.
Les cours d’orthophonie et les Ateliers de Savoirs Fondamentaux proposés par Emeraude ID lui ont fait le plus grand bien et l’aide à surmonter quelque peu son handicap d’analphabétisme qu’elle explique avec simplicité comme conséquence d’une méningite contractée en bas âge.
Au boulot, elle est discrète et ne fait pas de vagues mais « quand j’ai quelque chose à dire, je le dis - faut pas m’em…der », et nombreux sont d’ailleurs ceux qui viennent se confier à elle, « presque trop » rajoute-telle, car elle a déjà ses soucis.
Faites vos jeux ...
Mais il y a une vie en dehors du travail ! Son grand plaisir, c’est d’aller jouer quelques euros dans un des casinos de la côte d’Emeraude. Elle se transforme alors et se sent « l’égale des autres », parfois même un peu « bêcheuse ». Si elle qualifie de « vice » cette passion, elle exagère. Chantal sait compter et non seulement elle limite sa sortie à une fois par mois mais elle met de côté un petit billet de temps en temps (son « argent de poche ») en vue de cette sortie. Ses autres simples petits plaisirs ? Un Mc Do ou un kebab de temps en temps, une sortie en boite n’est pas pour lui déplaire comme un ciné où elle préférera les films d’horreur, de science-fiction ou d’aventure. Elle a arrêté récemment l’équitation en raison de problème de dos mais compense avec le vélo ou encore avec une partie de tennis avec sa fille dont elle est si fière de la situation.
C’est sûrement dans les yeux bleus de Chantal que pourriez voir la tranche de vie de ce sacré petit bout de bonne femme si attachante qu’on croise chez Emeraude Création. Mais ses yeux vous ne les verrez pas car Chantal n’aime pas être photographiée et nous respectons son souhait. Mais, faites-moi confiance …