23 juillet 2013

On the road ... again

Cela faisait bien 20 ans que je n'avais plus fait d'auto-stop. Un peu contraint par la situation je me suis remis en selle cet été à Pescadero (Californie). Il semblerait que ce soit comme le vélo car il est 7 heures du mat et je monte déjà dans la voiture d’une jeune hippie. Sa voiture est sa maison semble-t-il . Un joyeux bordel y régne mais on ceci n’empêche pas la belle de s’être joliment apprêtée ni qu’elle ait du savoir vivre. Elle me sert un verre de la théière qu’elle tient entre les jambes ;) et me propose un cookie qu’elle a préparé la veille. Malheureusement elle ne peut m’amener que jusqu’à la Highway 1 qu’elle va prendre en sens opposé du mien. Me voici seul à un carrefour dans la brume du petit matin de l’océan pacifique. 
Je sors mon couvercle de boite de pizza et y note en gros au marqueur «Golden Gate Bridge», ma destination intermédiaire et c’est parti. Quelques minutes plus tard un restaurateur me prend à son bord. D’habitude il ne prend pas d’auto-stoppeurs mais mon chapeau lui a donné confiance … même s’il a remarqué avec un peu d'inquiétude le couteau à mon ceinturon ;( - l’erreur du faux-débutant. Il est dans la restauration et nous parlons ferme, terre, nourriture. Il me laissera à l’entrée de Pacifica à un spot qu’il pense efficace.
Tout juste le temps de ressortir mon panneau que me voici avec un russe immigré qui part au boulot à Oakland. Je fais le malin en bredouillant une phrase en russe, il me propose un soda et déjà il me laisse dans les faubourgs de The City en faisant un détour pour me déposer à un lieu tip-top pour l’auto-stop. M’étant habitué à des attentes de seulement quelques minutes je trouve cette fois que mon attente est longue (5 minutes) alors je sors l’arme secrète du froggie, je rajoute sur mon panneau la mention « French Hitch-Hiker ». Va savoir Charles si c’est ça qui a fait s’arrêter Michael presque instantanément ? … Mickael, un black imposant et jovial est plombier pour le service des eaux de San Francisco, il part en vacances dans le Nord de la Californie. Sa femme infirmière l’y rejoindra un peu plus tard ce soir. Nous faisons un crochet et un arrêt de quelques minutes chez sa mère. On discute à bâtons rompus, on ne s’ennuie pas avec Michael Broussard (comme le commissaire … il est cajun d’origine). 
Arrivé à San Rafaêl je recommence à faire du stop, un asiatique veut me donner 2 dollars pour que je prenne le bus, je lui explique que je ne fais pas du stop par manque d’argent - c’est vrai qu’un bus fait cette dernière liaison - mais je suis grisé par ces trois premières rencontres. Et j’ai bien fait ! Je monte alors avec Brian et Stacy, respectivement chef d’un restaurant de SF et photographe culinaire. Arrivés à Fairfax, Stacy me fait visiter son potager urbain luxuriant tandis que Brian me prépare une petite boite avec un échantillon de leur production (œufs, courgettes, basilic, concombre, poivrons, piments, pommes, ...) que je transformerai en succulente omelette  dés mon arrivée à la maison. 
J’ai retrouvé exactement les mêmes impressions (de liberté mais aussi de doute) et la richesse des rencontres des expériences d’auto-stop de ma jeunesse notamment lors de ce fameux trajet du Cantal aux Landes. Souvenirs, souvenirs …  Alors que je n'avais pas vu (ou regardé ?) d'auto-stoppeurs depuis 2 semaines que je conduis aux Etats-Unis, aujourd'hui j'ai rendu la pareille à une vieille baba cool et un musicien.