31 août 2013

De retour de l'Atelier ... du Nous

Enclavé : se dit d’un village, tel que celui d’Eygalayes dans la Drôme, qui demande pour s’y rendre une détermination certaine… De puis Paris prendre un TGV jusqu’à Avignon, puis un bus jusqu’à Carpentras et enfin un taxi collectif, le taxi Drôme (belle initiative subventionnée par le Conseil Général). Bref, 8 heures plus tard me voici arrivé pour la soirée d’introduction d’un ADN1+ (Atelier Du Nous), stage-séminaire de 5 jours organisé par l’UDN (Université Du Nous). Nous sommes 24 à avoir convergé des « 4 coins de l’hexagone » vers ce gite perdu dans les champs de lavande pour ce séjour expérientiel autour du « vivre et faire ensemble ». Raconter ce moment est une gageure car il s’agit d’une expérience de vie …
Samedi

Mais il faut d’abord s’installer, parmi les différents hébergements il m’est proposé une petite chambre individuelle en mezzanine ; chouette, mon « JE » pourra parfois rentrer dans sa caverne pour se ressourcer quand il sera fatigué du « NOUS ».
C’est déjà l’heure du premier repas, l’occasion de rencontrer Josette, la propriétaire du gite, également agricultrice bio et maire de sa commune. Elle nous fera donc à manger midi et soir, bio et végétarien. Et quoi de mieux qu’une soupe au pistou pour planter le décor ?
Dimanche

Le réveil « sensoriel » se fait au champ. Quelle plaisir de se doucher aux rayons de soleil, de caresser « les poils de la Terre », d’ouvrir grands ses oreilles et son esprit pour redécouvrir les bruits de la nature, de la vie alentour, de son corps.
Ce sera ensuite une journée TAO : un jeu de plateau qui génère empathie et écoute et permet de se rencontrer de façon authentique. Plus de 3 heures de mise à nu progressive où chacun va avancer dans sa quête grâce à l’aide bienveillante des autres joueurs sous la houlette d’un TAO animateur qui évitera qu’on ne joue à « touche psy psy ». Attention ça remue la pulpe, les émotions sont fortes pour peu qu’on arrive à lâcher prise. 
Après dîner c’est en file indienne, les yeux fermés et au son du tambour que nous retournons au champ. La nuit tombe, des lampions solaires balisent l’espace dans lequel nous allons évoluer. D’autres spots et guirlandes lumineuses illuminent notre dancing pastoral à ciel ouvert. Au loin la montagne s’endort … nous allons nous réveiller ! Guidés par Samuel et au son de sa playlist nous allons reprendre progressivement possession de notre corps, lui faire exprimer sentiments et animalité, seul ou en groupe jusqu’à une quasi transe avec les étoiles pour enfin redescendre vers une félicité apaisée. Oui, les mots sont dérisoires pour retranscrire ce moment.
Lundi

C’est à reculons (au sens propre) que nous partons ce matin pour notre séance « corpo-senso ». L’accessoire du jour : un morceau de bambou. Symbole du lien qui peut nous unir, nous opposer, nous séparer, nous magnifier, … Incroyable comme un exercice avec un simple morceau de bois peut illustrer la façon de faire les choses POUR, CONTRE, SANS … et surtout AVEC les autres. Nous repartirons « comme une volée d’étourneaux ».
Nous nous réunissons alors en cercle qui est une « technique » de concertation. Chacun ira accrocher à l’anneau central un lien, symbole de ce NOUS qui se crée, et exprimera sa « météo » intérieure (joie, envie, peur, …). A nouveau une belle démonstration … si le groupe n’est pas prêt à vous entendre vous aurez beau tirer sur votre corde … tout vient à point qui sait attendre. 
C’est maintenant l’heure des élections … sans candidat. En voilà une idée originale et démocratique. Chacun va tout d’abord proposer son candidat idéal … en justifiant son choix. Les vieux réflexes de contrôle et du jeu de pouvoir se font encore sentir (et je ne fus pas le dernier à en jouer) mais petit à petit tout le monde se rend à l’évidence que ce « système » va nous amener à choisir non pas la meilleure personne … qui n’existe pas mais la bonne personne. 
Mardi-Jeudi

Et s'enchaîneront ainsi pendant 5 journées une alternance justement dosée de théorie expérientielle, temps sensoriels et moments de convivialité.
Je me souviens de la Gestion Par Consentement, outil de prise de décision basé non pas sur la majorité mais sur l’absence d’objection. L’objection est alors considérée comme un cadeau faite au groupe pour magnifier son projet.
Je me souviens de cette soirée cabaret où, sans répétition et avec souvent moins d’une heure de création, nous avons produit un spectacle de qualité grâce à l’énergie du « Nous symbiotique » et de notre confiance mutuelle.
Je me souviens des Sou-rire(s) et Mwazatwa(s), petits papiers offerts ou reçus, pour signifier le bon moment partagé ou une qualité reconnue chez l’autre.
Je me souviens de l’extravagance courageuse et révolutionnaire des organisateurs de proposer la « participation consciente » où chacun va en conscience, rémunérer sa participation à la formation.
Je me souviens du Yoga du rire qui clôture le séminaire où nous étions des ours se grattant le dos et enfin des stagiaires allongés en étoile qui se souviennent de cette semaine inoubliable et du chemin parcouru…
Déconnecté de son expérience ce récit et ses anecdotes pourront faire sourire … ce n’est pourtant pas le doigt qu’il faut regarder mais la direction de cette utopie. Au-delà de cet Atelier, l’Université du Nous porte une vision politique et philosophique qui m’emballe : retournons la pyramide Top Down, développons une gouvernance bienveillante, croyons en l’intelligence collective de nos riches individualités et ceci aussi bien dans notre sphère personnelle, citoyenne que professionnelle.