Il y a plus de 20 ans, à l’occasion d’un voyage aux confins du Nord-Est de la Turquie j’avais découvert le port de Trabzon, Carthage turque au bord de la mer noire et à la frontière de la Géorgie. J’ai le souvenir, à peine sorti des faubourgs de la ville, d’une nature luxuriante et de paysages d’une beauté rare.
C’est cet environnement et le bonheur de vivre des habitants de Çamburnu que des fonctionnaires sans cœur et des ingénieurs imbus de leur soit disant savoir vont anéantir en construisant une décharge au mépris des règles d’urbanisme et tout simplement du bon sens.
Le mythe prométhéen en prend pour son grade … la goutte qui fera déborder le vase au propre comme au figuré est celle de la pluie. Les experts qui ont pensé le trou de cette décharge ont simplement oublié qu’il pleut et pas qu’un peu dans cette région … Heureusement que le ridicule ne tue pas … seule réponse à la puanteur : la vaporisation de parfum en plein air !
Mais le peuple de Çamburnu ne se résigne pas à vivre dans ce cloaque et ose se rebeller. Le maire conteste la légalité du projet, le photographe du village grave dans le marbre de sa pellicule les étapes de cette catastrophe annoncée, les habitants manifestent et tentent de faire valoir leurs droits. Avec peut-être plus de courage que les autres, une femme, planteuse de thé, osera porter la contradiction au gouverneur, mais en vain.
Fatih Akin, réalisateur de Polluting Paradise, retrace dans son film 6 années de lutte et témoigne de cette catastrophe annoncée … et réalisée (odeurs, débordements et rejets toxiques dans la rivière comme dans les champs, …). Au-delà de son intérêt documentaire, la beauté des paysages et des âmes des opposants au projet donne à ce film une poésie rare.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire