La nuit est déjà tombée lorsque j’arrive au Mas des Agrions entre Montpellier et Clermont-l’Hérault. Une nuit sous la tente plus tard, réveillé au chant du coq à 5h30 et ragaillardi par la douche solaire … qui a encore peu vu le soleil et me voici fin prêt pour démarrer un PDC … entendez Permaculture Design Course (en français un CCP - Cours Certifié de Permaculture) de 13 jours.
J’ai en fait rejoint un collectif de Montpellierains qui s’est lancé le défi d’organiser son PDC il y a quelques mois. Ils ont pour ce faire trouvé un formateur titulaire du Diplôme de Permaculture Appliquée, Andy Darlington, et notre hôte Phil, qui s’est installé il y a quelques mois dans une propriété qu’il souhaite aménager, ce sera notre cas pratique pour la création du «design» en fin de stage.
Andy est tombé dans la permaculture en 1985. A la fin des années 80, il quitte la physique planétaire et spatiale dont il est diplômé et la perfide Albion dont il est citoyen pour s’installer en France dans l’Aude et conduit depuis lors un élevage ovin en bio et un verger. Avec sa femme Jessie, ils conçoivent également des «paysages comestibles».
Mais revenons à nos moutons. Quelques volontaires sont déjà venus sur site les jours précédant pour construire l’infrastructure nécessaire pour accueillir le groupe : quatre toilettes sèches deux douches solaires, une cuisine d’été, un réfectoire, …
Nous sommes une vingtaine de participants d’age et d’origine très différents (du prof de chimie à la commerciale en informatique en passant par l’étudiante en ethnologie). Notre groupe va ainsi passer 13 jours en autonomie ... et en dehors du temps.
Pas question de farniente, les vacances sont studieuses : les cours théoriques d’Andy (72 heures sur le climat, la topographie, l’eau, la forêt, les sols, les systèmes animaliers, l’énergie,..) alterneront avec des ateliers pratiques (greffe d’arbres, jardin au naturel, phyto-épuration,…) parfois animés par des professionnels du cru. Quelle noblesse que celle du cheval lors de la démonstration de traction animale ! Quelle joie et quelle communion de mettre pieds et mains dans l’argile pour construire collectivement un four à bois ! Quelle curiosité enfantine pendant nos deux sorties botanique et entomologique ! Sans parler des projections de films ou des conférences du soir (maison bioclimatique, revenu minimum d’existence, agriculture paysanne au Nicaragua, …).
Les repas sont des moments de respiration et de convivialité pendant lesquels Thierry et Mathilde, nos cuistots, auront su non seulement nous sustenter mais tout simplement nous régaler d’un festival de saveurs végétariennes et biologiques qui auront eu raison des viandards invétérés.
Mais il ne reste déjà que quelques jours et le Mas des Agrions est en pleine effervescence : après la théorie, place à la pratique, divisés en 5 sous-groupes nous sommes tous affairés à concevoir le design permaculturel de notre lieu de résidence. Discussions, notes d’intention, crayons de couleurs, calculs, dessins et croquis en tous genres, repérages techniques sur le terrain, bref, il y a de la création dans l’air … parfois même de l’électricité tant tout le monde est impliqué et passionné pour défendre ses propositions. Et c’est dans la nuit précédant la présentation que les derniers finiront leur création à 3h30 du matin ! En se couchant à 23h30 mon groupe aura mis en application à la lettre l’un des principes de la permaculture : le maximum d’effets pour le minimum d’efforts.
Le lendemain matin nous présenterons collectivement aux autres groupes et au propriétaire des lieux nos créations. Comme à l’école des fans, il n’y a que des gagnants car au-delà de la mise en application des principes de permaculture nous y avons mis tant de cœur… C’est le moment de nous voir remettre de façon solennelle notre Certificat de Design en Permaculture et de sortir de notre bulle pour repartir dans notre réalité quotidienne et tenter de mettre en application la méthode acquise en ré-imaginant nos lieux de vie ruraux comme urbains. Aout 2012.
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