Je connaissais l’apiculture familiale au travers de la conduite des 4 ruches installées dans le jardin de ma résidence. J’ai suivi en juin dernier une formation d’une semaine à l’apiculture mais j’avais envie de découvrir le quotidien d’une exploitation apicole de plus grande envergure… C’est ainsi que je me retrouve en ce début du mois d’août en gare de Chalon-sur-Saone où Yves Rondelet et son épouse, apiculteurs m’attendent.
Mes hôtes apiculteurs
Dans les années 70 un beau-frère offre à Yves une ruche, … la passion lui vient rapidement car 4 ans plus tard il en a déjà 80 et se souvient de cette récolte légendaire de plus de 10 tonnes ! Il en fera une activité complémentaire à son métier de professeur d’histoire géographie (à la retraite aujourd’hui).
Yves va tomber également sous le charme de l’Afrique …et de son apiculture. Après plus d’une quinzaine de voyages dans différents pays de l’ouest de ce continent il a soutenu en 1996 une thése de doctorat de géographie sur « Le miel de l’Afrique de l’Ouest ».
C’est aussi en Afrique qu’il a rencontré Pascaline, princesse d’un ancien royaume, qui est devenue son épouse il y a quelques années. Braver les abeilles africaines (plus agressives que les européennes) est d’habitude l’apanage des hommes valeureux, parfois un rite initiatique mais cela n’arrête pas Pascaline. Ils partagent leur vie entre la France et le Burkina Fasso où ils conduisent des ruchers en Bourgogne autour de leur miellerie de Fragnes(71) et Bobo-Dioulasso. Yves est également engagé dans différentes associations faisant la promotion de l’apiculture dans les pays en développement, il est par exemple vice président d’Apiculteurs sans frontières et d’Apiflordev.
Récolte « commando »
Mais revenons à nos ruches bourguignonnes. La première après-midi fut une mise en condition champêtre : enruchement d’une colonie d’une ruchette et visite de différents rûchers pour confirmer que la récolte pouvait commencer.
Le lendemain, finies les visites bucoliques, place au commando de récolte. Après avoir enfilé nos combinaisons et gants, direction le premier rucher. Après une courte période d’observation je trouve ma place dans le trio et chacun alterne enfumage, ouverture de la ruche, soufflage des abeilles et portage des hausses au camion. Nous enchaînons les ruchers et ramenons le premier jour près de 60 hausses.
Au cours de ma semaine d’immersion j’aurai ainsi l’opportunité de visiter et récolter, dans un rayon d’une trentaine de kilomètres, les différents ruchers de mes hôtes dans lequels sont installées plus de 200 ruches. Yves développe une vision sur un aménagement apicole idéal pour ses protégées. En effet, la plupart de ses ruches sont situées sur des terrains dont il est propriétaire sur lesquels il plante depuis des années moult arbres et plantes mellifères afin d’améliorer la bio-diversité, d’augmenter et d’améliorer la nourriture potentielle de ses avettes.
Après trois journées de récolte à ce rythme il nous faut penser à extraire le miel. Rendez-vous donc dans la miellerie où nous désoperculons les hausses d’un coup de lame expert et les plaçons dans l’extracteur. Les mains sont plus que collantes mais quel plaisir de se lécher les doigts de ce miel « toutes fleurs » avant de se laver les mains pour passer à la mise en pot. Même si le rythme est rapide, c’est un moment propice à la discussion, une sorte d’arbre à palabres : nous parlons d’apiculture bien sûr mais aussi de nos vies personnelles et de l’Afrique dans laquelle je voyage chaque soir en lisant une partie de la thèse d’Yves et en dégustant la cuisine de Pascaline (bissap, tô, …).
La semaine est finie, j'emmène dans mes bagages différents pots de miel qui seront mes m adeleines de Proust jusqu'à peut-être une prochaine visite au printemps ?
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